Rapport annuel 2020 du SIAO 67‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎‎ ‎

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Rapport moral de la Présidente

Madame, Monsieur, Chers amis, Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre présence en visio-conférence ou en présentiel. Nous avons cette année encore adapté le format de notre Assemblée Générale en raison de la crise sanitaire dont nous espérons tous en voir bientôt la fin, et je me réjouis de pouvoir accueillir la plupart d’entre vous ici à la maison des associations qui est aussi le siège du SIAO 67. Nous sommes là pour évoquer l’activité 2020 du SIAO 67. De nombreux qualificatifs ont été utilisés pour évoquer cette année 2020, année de crise sanitaire sans précédent : bouleversante, extraordinaire, spéciale, covidantesque. Pour ma part, je considère cette année 2020 comme INEDITE pour le SIAO du Bas-Rhin. Sans empiéter sur le rapport d’activités qui vous sera présenté tout à l’heure, il faut souligner ici le travail tout à fait remarquable qui a été réalisé par l’équipe du SIAO sous la direction de Henri HANNEQUIN qui, fort de son expérience en gestion de crise, a su mobiliser salariés du SIAO, partenaires, services de l’Etat, afin qu’au plus vite des réponses soient apportées au public en difficulté dès le mois de mars. La crise sanitaire a rendu impératif de proposer un hébergement à toutes les personnes sans abri. Dès l’annonce du confinement, le SIAO avec les pouvoirs publics a trouvé dans l’urgence de nouvelles solutions de mise à l’abri. En complément des places d’hébergement déjà financées et des places hivernales prolongées, des places supplémentaires ont été ouvertes durant le confinement essentiellement en hôtels laissés vides. C’est ainsi que contrairement à d’autre villes de France, le 115 a vu son taux de demandes non satisfaites diminuer et que les personnes isolées ont pu, elles aussi, être prises en charge. En 2020 l’engagement de l’ensemble des salariés a permis, non seulement de maintenir l’activité, mais même de d’aller au-delà des missions habituelles. En télétravail ou en présentiel, au SIAO nous n’avons pas eu de travail en mode « dégradé » mais plutôt en mode déployé, démultiplié. Les salariés se sont impliqués, toujours prêts à aider, à dépasser leur fiche de poste ou leur temps de travail habituel pour répondre présents et prendre mieux en compte les besoins des plus fragiles. Leurs talents se sont révélés : créativité, sens de l’organisation, agilité, empathie, capacités d’adaptation, force de proposition… Je veux les remercier sincèrement pour leur mobilisation de tous les instants. Cela n’a pas été vain car, d’une part nous avons pu héberger quasi toutes les personnes à la rue qui le souhaitaient et d’autre part, construire des réponses innovantes par exemple avec la gestion de l’Hôtel Pax pour l’accueil et l’accompagnement de personnes très éloignées de l’insertion et nous avons pu répondre aux besoins alimentaires du plus grand nombre. Nous pouvons collectivement être fiers de tout qui a été accompli cette année. Bien entendu nous n’avons pas réalisé tout cela seuls. Des bénévoles, de nouveaux salariés ont dû être embauchés et de très nombreuses associations membres ou non du SIAO, les services de l’Etat, les collectivités, des donateurs, ont contribué à ce que tout cela soit possible. C’est à ce moment-là que nous constatons le partage des mêmes valeurs, l’attachement au respect, à la dignité des personnes quelles qu’elles soient. Cela est réconfortant. Le SIAO dans le contexte parfois compliqué du confinement a poursuivi sa mission de mise à l’abri, mais pas seulement. L’an passé, je disais que l’année 2019 était une année de transition. Malgré ou à cause de la crise, l’année 2020 a été celle de la consolidation du SIAO : relations multipliées avec l’autorité de tutelle du fait de la crise et pour réfléchir à l’accompagnement des plus fragiles, amélioration de l’organisation interne pour répondre de manière plus appropriée à de multiples demandes, rapprochement du social et du médico-social dans l’intérêt des publics. Dans le souci de l’amélioration continue, nous avons commencé en fin d’année à poser les bases d’une réflexion sur les priorités stratégiques du SIAO pour 2021 et 2022. Le document approuvé par le CA en 2021 est en annexe du rapport. Merci aux membres du Conseil d’Administration qui, très impliqués, ont participé activement aux Conseils d’Administration qui se sont tenus durant l’année ou lors de commission de travail et ont contribué ainsi à l’évolution du SIAO. Nous sommes maintenant en 2021 et je ne peux m’empêcher d’évoquer mes craintes en regardant les indicateurs du SIAO : nombre de personnes hébergées dans l’ensemble des dispositifs, nombre de situations qui attendent une orientation adaptée et, depuis quelques semaines, nombre de demandes d’hébergement à la hausse et sans réponse favorable possible. Revenir à la normale ce serait donc cela ? Des sans abri à la rue faute de places, des personnes isolées ou en famille en détresse. Et cela n’est pas qu’une question d’argent. Nous manquons actuellement de solutions physiques. Nous devons tous nous mobiliser. Pour d’un côté augmenter la fluidité des dispositifs, faciliter l’accès au logement de personnes ayant des ressources, adapter l’accompagnement aux besoins, se coordonner avec les bailleurs, et de l’autre pour héberger, loger ceux qui en ont besoin d’urgence. Matthieu RICARD pense « Il n’y a pas de grande tâche difficile qui ne puisse être décomposée en petites tâches faciles ». Le SIAO 67 s’y emploie quotidiennement, pas à pas. Corine BARTIER

Préambule

L’année 2020 restera dans les annales. L’épidémie de Covid-19 aura engendré pour le monde entier des bouleversements majeurs. En France, et notamment dans le Bas-Rhin, département affecté par des taux d’incidence élevés dès la première vague, le secteur de l’accueil hébergement insertion n’est pas en reste. Les contraintes épidémiques et le « quoi qu’il en coûte » ont bouleversé les pratiques des acteurs de la veille sociale, souvent pour le meilleur. A année extraordinaire, rapport d’activités spécial. La première partie de ce rapport traite des activités inhabituelles du SIAO en 2020, qu’elles soient liées à la crise du Covid ou non. Au cours de cette année 2020, le SIAO est en effet sorti de son mandat pour prendre en gestion directe un dispositif d’hébergement, le projet PAX. Mais il aura aussi pleinement participé à la mise en œuvre de la politique publique du Logement d’abord, noué de nouveaux partenariats, encaissé la mise en ligne complexe d’un nouveau système d’information et, bénéficiant d’une forme d’accélération, poursuivi l’amélioration de ses pratiques en se réorganisant. Ce rapport annuel est aussi spécial en ce qu’il s’appuie sur des données dont la fiabilité doit être prise avec encore plus de précautions que les années antérieures. Les pratiques, notamment celle du roulement du 115, ont évolué au cours de l’année, faisant fluctuer l’analyse des indicateurs. Ainsi alors que jamais autant de personnes n’ont été mise à l’abri durablement, le taux de demandes non pourvues (un ratio) est resté très élevé tout au long de la période. De même, de nombreuses places d’hébergement ayant été créés sans que les opérateurs ne les recensent immédiatement auprès du SIAO, l’activité du pôle insertion – logement d’abord est amputée d’une partie de ses résultats. Surtout, les systèmes d’information SI-SIAO ont été fusionnés en septembre 2020, engendrant des pannes, des erreurs, des pertes de données, des doublons, des ralentissements, etc… Les parties « Veille sociale » et « Insertion – Logement d’abord » sont donc cette année présentées de façon très synthétique. Les données du Pôle « Hôtels » bénéficient elles d’une fiabilité plus grande, grâce à la réconciliation régulière avec une base de données annexe, nécessaire à la facturation du dispositif.   Ce rapport annuel 2020 du SIAO est dédié à toutes les personnes qui sont venues en renfort du SIAO au cours de la crise du Covid, notamment au PAX, sous quelque statut que ce soit : étudiants de la réserve, bénévoles puis salariés, qui ont littéralement essuyé les plâtres d’un éphémère centre d’hébergement d’urgence aux pratiques innovantes et ont appris à la dure les réalités complexes du travail social auprès des grands précaires ; salariés en contrats courts ou mis à disposition par des associations partenaires, qui n’ont pas ménagé leur peine pour répondre au mieux à une crise et des situations inédites ; bénévoles et compagnons de la veille sociale qui, sur leur temps libre, ont contribué à offrir une réponse digne et solide aux besoins malgré l’urgence et les difficultés ; partenaires institutionnels qui ont spontanément offert leur concours pour créer des dynamiques vertueuses ; personnel des hôtels qui ont bouleversé leurs pratiques et vu leurs établissements transformés pour répondre à la crise ; donateurs, enfin, qu’ils aient contribué en espèce ou en nature comme voisins. Qu’ils soient tous, ici, chaleureusement remerciés et honorés pour leurs contributions.    L’équipe du SIAO 67

2020 : Une année extraordinaire marquée par le Covid-19

Alors que l’hiver 2019 – 2020 touche à sa fin, l’épidémie de Covid frappe. La sidération qui a affecté le pays avec le premier confinement a été rapidement absorbée par le SIAO 67. Dès le 16 mars à 14h, toutes les personnes occupant des fonctions pouvant être exercées en télétravail sont opérationnelles, depuis leur domicile, grâce aux investissements en ordinateurs et téléphones portables et à la mise en place d’outils numériques performants réalisés au préalable de la crise. Seuls le 115 et la maraude poursuivent leur activité en présentiel. La culture de gestion de crise des équipes du SIAO 67, forgée au fil des alertes climatiques et des démantèlements de campements, leur motivation et leur agilité, se révèlent au fur et à mesure que chacun prend conscience de l’ampleur et des conséquences de l’épidémie. Alors que bien des acteurs doivent passer « en mode dégradé », les effectifs du SIAO 67 sont tous à leur poste, et démultiplient leurs efforts pour répondre aux enjeux de la crise. Entre mars et juillet 2020, l’équipe salariée régulière du SIAO 67 cumule un équivalent temps plein d’heures supplémentaires ! Les contraintes épidémiques signent la fin du « roulement du 115 ». Au fil des mises à l’abri durables et massives, le nombre d’appels au 115 et le nombre de demandes d’hébergement d’urgence chutent. Le taux de décrochage du 115 atteint des sommets inédits (80%). La maraude, dès les premiers jours du confinement, face à la fermeture d’une grande partie des services d’aide alimentaire, transforme son mandat pour assurer des distributions massives de repas dans la rue et dans les squats, et bénéficie du renfort spontané de bénévoles. L’équipe d’urgence réalise avec le pôle hôtel des mises à l’abri dans des proportions jamais vues, et va sur le terrain (« desserrement » des squats Bugatti et Gruber, distribution de nourriture et tickets service, déménagements, évaluation sociale dans les hôtels, etc.). Les orientations « insertion » se poursuivent à un rythme moindre, du fait du gel presque général de la fluidité des dispositifs, et en conséquence les travailleurs sociaux viennent en renfort de leurs collègues des urgences. La newsletter hebdomadaire « veille sociale » du SIAO 67 bascule à une fréquence quasi-quotidienne dès le 18 mars. Elle devient un pilier salué de l’information de l’ensemble des partenaires au cœur de la gestion de crise. Dès avril, enfin, le projet PAX formalisé voit le jour, bénéficiant de la participation de toute l’équipe du SIAO. Le SIAO, avec l’inestimable contribution de ses partenaires, le portera à bout de bras jusqu’en septembre. A la sortie du premier confinement, alors que les premières places dédiées aux personnes accompagnées de chien ouvrent dans le Bas-Rhin, les maraudes ne recensent plus qu’une cinquantaine de personnes vivant à la rue, la plupart d’entre elles refusant les hébergements proposés. Alors que la gestion de l’après crise peine à se mettre en place, notamment dans le dispositif hôtelier, après une brève accalmie virale, le plan hiver 2020 – 2021 est déclenché plut tôt que prévu, afin de répondre à la deuxième vague de l’épidémie de Covid… Le second semestre de l’année aura néanmoins vu bien des changements se mettre en place pour le SIAO 67.

Le projet PAX : innover dans l’urgence

Dans le contexte de l’épidémie de COVID-19 et en conséquence de la décision du gouvernement de confiner la population, le CCAS de la Ville de Strasbourg, confronté à des réductions massives de personnel, décide de fermer le Centre d’hébergement d’urgence « Fritz KIENER » et de réduire de moitié la capacité d’accueil du Centre d’hébergement d’urgence « Les Remparts ».  Dans l’urgence, les 17 et 18 mars 2020, une cinquantaine d’usagers de ces centres d’hébergement est mise à l’abri à l’hôtel PAX par le SIAO 67. Confronté à des réductions de personnel, et à un public particulièrement complexe (nombreuses addictions, pathologies psychiatriques, désocialisation inhérente à de nombreuses années d’errance, incompréhension des mesures de confinement…), le gérant de l’hôtel se trouve en grande difficulté pour tenir son établissement, malgré un passage quotidien de l’Equipe Mobile de Rue du CCAS de la Ville de Strasbourg. Toujours dans le contexte de l’épidémie de COVID-19 et du confinement des populations, le SIAO 67 poursuit alors l’objectif d’héberger le plus grand nombre possible de personnes sans-abri, et notamment les grands précaires isolés à la rue. Les orientations vers les structures d’hébergement d’urgence pérennes et hivernales étant gelées pour limiter les risques de propagation du virus, de même que la constitution de collectifs en milieux ouverts de type gymnases, les mises à l’abri se font dans le dispositif hôtelier. Constatant d’une part la nécessité d’augmenter la capacité du parc hôtelier à la main du 115, et d’autre part les difficultés légitimes des hôteliers à accueillir le public « grands précaires isolés », un accord informel est conclu le 25 Mars 2020 entre le propriétaire de l’hôtel PAX, la Direction Départementale Déléguée à la Cohésion Sociale, la Ville de Strasbourg et le SIAO 67. Cet accord consiste à affecter à l’hôtel PAX un travailleur social expérimenté recruté par le SIAO (financement DDDCS) et un agent de sécurité (financement Ville de Strasbourg), en échange de l’ouverture de 30 places supplémentaires destinées à l’accueil du public grand précaire isolé. Les modalités opératoires de cet accord sont mises en place dès le jeudi 26 mars. L’hôtel PAX est sis au 24 rue du Faubourg National à Strasbourg, en face d’un bureau de tabac et d’un arrêt de tram. Une boulangerie et une épiceries sont voisines de l’hôtel. La fréquentation importante des alentours est renforcée par de petits groupes de personnes hébergées devant l’entrée de l’hôtel. Le sas ouvre sur un comptoir d’accueil puis un couloir qui dessert un réfectoire (inutilisé pour cause de confinement), une bagagerie de 20 m2 et un vaste patio. Le PAX compte 70 chambres de configurations variées, pourvues de douches et sanitaires, et plusieurs salles de réunion, dans un bâtiment réhabilité mais tortueux. L’hôtel dispose en outre d’une laverie destinée à l’entretien du linge professionnel, et d’une cuisine professionnelle. La qualité des prestations est bonne. La configuration des lieux est donc relativement adaptée. En revanche, malgré le renfort du travailleur social et du vigile affectés à l’hôtel, le personnel de l’hôtel reste au bord de la rupture. Le gérant, qui supervise aussi la sécurité d’autres établissements, s’est beaucoup investi, il dort sur place depuis le début de la crise. Un agent logistique est présent mais il intervient aussi sur d’autres établissements. Au-delà, seuls travaillent encore une femme de ménage et un veilleur de nuit. Dès le jeudi 26 mars, grâce aux maraudes, les 30 places supplémentaires négociées sont pourvues. L’hôtel PAX abrite alors environ 80 grands précaires isolés (et quelques publics autres en cours de réorientation pour leur sécurité) dans une aile du bâtiment, et 40 personnes en familles « 115 » dans une autre, ce qui en fait le deuxième plus grand « centre d’hébergement d’urgence » du département après Lyautey. Le travailleur social affecté au PAX est renforcé par la maraude du SIAO. Le premier week-end de présence des travailleurs sociaux est émaillé d’incidents sérieux : 2 interventions du SAMU et 3 interventions de POLICE devant ou dans l’hôtel. En une semaine, des seringues sont trouvées dans les toilettes collectives, des préservatifs usagés trouvés dans les couloirs (suspicion de prostitution, y compris d’une mineure sous la responsabilité de l’Aide Sociale à l’Enfance), un départ d’incendie et une inondation ont eu lieu, ainsi que des vols, des dégradations et de nombreuses altercations. Les règles du confinement et les mesures barrières ne sont absolument pas respectées. Les protocoles d’entretien des locaux recommandés au cours de l’épidémie de COVID-19 ne sont absolument pas mis en place. Le 30 mars, le SIAO 67 dépose donc auprès des services de l’Etat un projet de dispositif social complet. L’objectif du Projet Pax est alors d’assurer la sécurité des personnes hébergées et intervenantes, et des biens, tout en tendant au respect du confinement et des mesures barrières, pour la durée de la crise liée à l’épidémie de COVID-19. Le concept de projet à très haut seuil de tolérance est posé, les résultats attendus modestes : Respect de la dignité des personnes, pas de décès évitables, pas de violences sur autrui, pas de dégradations majeures, limitation des entrées et sorties de l’établissement, sensibilisation aux mesures barrières. Les services déconcentrés de l’Etat valident très rapidement le projet du SIAO et le financent. Dès lors, le dispositif médico-social et hôtelier s’appuie sur deux piliers : la distribution de trois repas quotidien et de produits d’hygiène d’une part ; un service de sécurité de trois personnes en journée et deux la nuit d’autre part. Ces deux composantes s’avèrent essentielles pour réduire les allers et venues avec l’extérieur dans la période de confinement « dur », pour calmer les esprits, et permettre à chacun vivre et de travailler en sécurité au sein de l’hôtel. Au cours du mois d’avril, le SIAO recrute pour le dispositif un coordinateur, un logisticien, et une dizaine d’étudiants en travail social, volontaires de la réserve bénévoles jusqu’alors. Une salariée de la maraude est désignée référente sociale, une infirmière détachée du Conseil Départemental organise la coordination des soins. L’Equipe mobile de rue du CCAS apporte sa contribution. Entraide le Relais et l’association Vil.a.je mettent à disposition des travailleurs sociaux. Les travailleurs sociaux des équipes régulières du SIAO se relaient pour renforcer le dispositif. De nombreux bénévoles donnent un coup de main salutaire. Dès le début du mois d’avril, le SIAO noue des partenariats essentiels avec le secteur de la santé. Médecins du monde assure ainsi des consultations médicales généralistes régulières et sensibilise les personnes accueillies aux risques liés au Covid et aux mesures barrières. La présence d’une infirmière au sein de l’équipe a permis à nombre de personnes accueillies d’entamer un parcours de soin ou d’en éviter la rupture. Les orientations vers la Boussole, les médecins traitants et spécialistes ont été réalisés tout au long de la période de confinement, et ensuite. Dès avril encore, l’association ITHAQUE mobilise ses infirmiers et travailleurs sociaux et organise deux permanences par semaine. 36 nouveaux patients entreront ainsi dans sa file active. ITHAQUE forme les intervenants sociaux et le personnel hôtelier à la réduction des risques concernant les conduites addictives, et les équipe en matériel (pinces de manutention, seringues, garrots, pipes, boites à seringues usagées, naloxone, etc.). Au fil de semaines, confrontés aux crises de manque de certaines personnes accueillies, ITHAQUE et le SIAO mettent en place à titre très expérimental la délivrance d’alcool sur prescription médicale. 8 patients, grands toxicomanes, en bénéficieront chaque jour au cours de la période. Les retours des personnes en bénéficiant sont divers mais tous positifs : Arrêt du vol de subsistance, maitrise et réduction de la consommation, arrêt du syndrome de manque au réveil. Dès avril toujours, l’Equipe Mobile Psychiatrie Précarité et la PASS PSY 67 se relaient pour assurer elles aussi deux permanences par semaine au sein de l’hôtel PAX. Entre avril et juin, les infirmiers psychiatriques sont intervenus 200 heures auprès de 70 patients résidents de l’hôtel. Alors que plusieurs hospitalisations d’office ou sous contrainte ont dut avoir lieu au cours des premiers jours d’existence du dispositif, toutes les prises en charge en service psychiatriques ont bénéficié du consentement des patients après le début de l’intervention de l’EMPP et de la PASS PSY. S’il n’a pas été possible de mettre en place un Conseil de Vie Sociale à proprement parler, l’occupation des résidents de l’hôtel n’a pas été oubliée, quand bien même le respect des mesures barrières réduisait drastiquement le champ des possibles. La présence de téléviseurs dans les chambres à grandement participé à la gestion du temps pendant le confinement. Pour ouvrir d’autres fenêtres occupationnelles, le SIAO a mis en place un partenariat avec Emmaüs Connect et a ainsi pu distribuer 50 smartphones et tablettes aux personnes qui en étaient dépourvues. Au terme de six mois de gestion d’un établissement hors normes, le bilan du SIAO est globalement positif, et ses résultats attendus atteints. Si le travail social sur les situations des personnes a été contraint par la nécessité de gérer un collectif complexe, le maintien dans l’hébergement et l’adhésion aux services sanitaires et sociaux de certaines personnes, perçue jusqu’à alors comme des causes perdues, est un en soit un succès. Au plus fort de son effectif le projet PAX a hébergé 135 personnes, toutes qualifiées de « grands précaires ». Plus de 150 personnes ont bénéficié d’un hébergement au sein du projet PAX au cours de sa période de gestion par le SIAO. L’expérimentation auprès d’un public très désocialisé, souvent exclu de toutes les structures de la place, d’une approche médico-sociale vraiment pluridisciplinaire, dans un environnement à haut seuil de tolérance, a fait l’objet d’une restitution en juin 2020, portée par la Directrice Départementale Déléguée à la Cohésion Sociale dans des groupes de travail nationaux. Le projet PAX aura ainsi contribué à nourrir la réflexion de la DIHAL pour rédiger un appel à manifestation d’intérêt. Dans le Bas-Rhin, l’ARSEA a remporté cet appel pour créer le projet SESAME. En attendant son ouverture en 2021, l’ARSEA reprend en septembre 2020 la gestion du PAX.

Poursuite de la mise en œuvre accélérée du Logement d’Abord

Le Logement d’abord est une réforme prioritaire du Gouvernement, consacrée par le Plan quinquennal pour le Logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme. Dès 2018, l’Eurométropole de Strasbourg est territoire de mise en œuvre accélérée du Logement d’abord. En septembre 2019, le ministre de la Ville et du Logement, Julien DE NORMANDIE, annonce l’acte II du Logement d’abord, et la création à venir d’un Service public de la rue au logement. Le 22 janvier 2020, à Strasbourg, Sylvain MATHIEU, Délégué interministériel à l’hébergement et l’accès au logement, présente aux acteurs du champ de l’AHI du Bas-Rhin les principales mesures de la mise en œuvre de ce nouveau service public. Les Services Intégré d’Accueil et d’Orientation en sont le fer de lance, et vont faire l’objet d’une réforme de leur gouvernance. Si ces grandes évolutions institutionnelles ont été bouleversées par la crise liée au Covid, elles apparaissent en toile de fond de l’instruction ministérielle du 21 août 2020 relative aux orientations pour le secteur « Accueil, hébergement et insertion » pour 2020 et 2021, et dès septembre 2020, Emmanuelle WARGON, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, annonce un renfort des moyens dédiés aux SIAO. Dans le cadre de la mise en œuvre accélérée du Logement d’abord sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, l’année 2020 est marquée pour le SIAO par trois éléments structurants :
  • D’abord, de nombreuses cessions de travail se déroulent pour réviser la charte de l’accompagnement social, menées par le cabinet FORS pour le compte de l’Eurométropole. Cette charte est le document qui régit l’organisation de la prescription des mesures d’Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL, géré par le Fonds de Solidarité par le Logement) et d’Accompagnement Vers et Dans le Logement (AVDL, géré par les Services déconcentrés de l’Etat). Au-delà de l’inventaire des mesures existantes, ces travaux dont le rendu final est attendu en 2021, définissent quatre niveaux d’intensité d’accompagnement social et établissent plusieurs scenarios pour la mise en place d’une plateforme territoriale d’accompagnement social. A l’avenir, cette plateforme se veut le corolaire de la plateforme de captation de logements privés (FACIL’, gérée par Habitat et Humanisme) à des fins d’intermédiation locative. Si la place du SIAO 67 dans le jeu d’acteurs n’est pas encore définie à l’issue de ces travaux, et dépend notamment de la mise en œuvre du Service public de la rue au logement, elle y sera en toute certitude centrale.
  • En atteste, ensuite et en effet, les discussions menées par le SIAO 67 avec les services déconcentrés de l’Etat (pour le compte du FNAVDL) et de l’Eurométropole (pour le compte du FSL). Ces démarchent laissent entrevoir à la fin 2020, la possibilité pour le SIAO 67 de s’autosaisir de situations de personnes à la rue, et de leur prescrire, par délégation du FSL ou du FNAVDL, des mesures d’accompagnement social. Si les volumes de mesures envisagés par une telle expérimentation restent modestes, ils augurent d’un changement profond des pratiques, et de la matérialisation possible d’un accompagnement social de la rue au logement. Le lancement, repoussé par la crise liée au Covid, de l’appel à projet Logement d’abord à l’attention des plus grands précaires début 2021, prévoit lui aussi que le SIAO 67 prescrive d’une part les mesures d’accompagnement, et oriente d’autre part et de façon asynchrone les personnes concernées vers des places d’intermédiation locative.
  • Enfin, afin de mener à bien ces expérimentations d’une offre de service renouvelée, le SIAO 67 doit être alimenté en demandes. Pour ce faire, dans le cadre de ses prérogatives de coordinateur des acteurs de la veille sociale, le SIAO 67 instaure dès la fin 2020 des réunions « situations complexes ». Ces séances de travail bimensuelles réunissent en une « veille sociale unique » les acteurs médico-sociaux professionnels de la grande précarité (équipes mobiles, accueils de jour, addictologie, santé mentale). Le changement de paradigme vient du fait qu’il ne s’agit plus dans ces réunions de plaider pour obtenir une place d’hébergement d’urgence auprès du SIAO, mais de répartir entre acteurs la production de bilans-diagnostics des personnes les plus éloignées des services afin que le SIAO puisse leur prescrire une mesure d’accompagnement social vers et dans le logement d’un niveau d’intensité adapté à leurs besoins.

Lancement de l’observatoire du sans-abrisme

L’observation sociale est un outil essentiel du pilotage des politiques publiques. Y participer est une des missions des SIAO, telles que posées par le Code de l’action sociale et des familles. Grâce aux financements liés à la mise en œuvre accélérée du Logement d’abord sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, le SIAO 67 et l’ADEUS (agence de développement de l’urbanisme de Strasbourg) se sont associés pour créer un observatoire du sans-abrisme. Le dernier trimestre de l’année 2020 marque une accélération des travaux. En parallèle d’un benchmarck des pratiques de l’observation du sans-abrisme dans d’autres départements, l’ADEUS et le SIAO, sous l’égide de leurs partenaires et financeurs, adoptent un socle de définitions des publics. Ils croisent pour ce faire, de façon originale, la définition « classique » de l’INSEE et une partie des situations de vie de la grille ETHOS. Pour ne pas tomber dans l’écueil de créer un nième outil, le SIAO 67 et l’ADEUS prennent un parti clair quant à la source de données principale : il s’agira de l’outil SI-SIAO, unique base de données partagée par l’ensemble des acteurs du champ. Si ce choix est payant sur le long terme, la production de données et d’analyse elle-même prend du retard à cause des conséquences de la fusion des systèmes d’information des SIAO. Observatoire du sans-abrisme SIAO 67 ADEUS

Fusion des SI-SIAO

Jusqu’en septembre 2020, les Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation disposent de deux système d’information distincts. L’un, historique, dédié à l’insertion, l’autre, plus récent, dédié au 115. Dans une démarche aux intentions louables, la Direction Générale de la Cohésion Sociale a fusionné ces deux outils en une unique base de données. Cette fusion a eu deux conséquences. La première immédiate fut pénible, la seconde plus structurelle et durable interroge encore. La fusion technique elle-même a d’abord généré un nombre très important d’anomalies de fonctionnement (la DGCS en a recensé plus de 800), des pertes de données, des doublons, etc… Elle a par conséquent engendré pour le SIAO une charge de travail démultipliée : il a fallu appréhender le nouveau système d’information sans réelle formation, comprendre ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas, ce qui était fiable et ce qui ne l’était pas. Il a fallu aussi assurer le service après-vente auprès des quelques mille utilisateurs du système d’information dans le département, répondre aux questions, expliquer le fonctionnement nouveau et faire remonter les différents bugs à l’administration centrale. Il a fallu enfin, et c’est peut-être là que le bât blesse le plus, démontrer à de multiples reprises aux services déconcentrés de l’Etat que l’incapacité à produire de la donnée fiable ne relevait pas d’un manque de volonté du SIAO 67, mais des dysfonctionnements du système mis à sa disposition par l’administration centrale. A plus long terme, la fusion des SI-SIAO en un unique outil interroge. L’identité numérique des SI-115 et SI-Insertion était claire : il s’agissait de fichiers de gestion de la demande. Avec la fusion, de nouvelles fonctionnalités ont vu le jour. En l’absence de mode d’emploi, elles complexifient les potentiels usages de la plateforme, et lui font perdre en lisibilité. Le SI-SIAO est aujourd’hui au milieu du gué, entre base de gestion des parcours des usagers et fichiers de gestion des demandes. Cette absence d’identité numérique marquée, et la complexité du champ des possibles, auxquelles il faut ajouter de légitimes préoccupations quant à la confidentialité des données personnelles enregistrées sur le SI-SIAO, sont aujourd’hui les principaux freins à l’adoption pleine et entière du logiciel par ses utilisateurs. Les témoignages des utilisateurs de SI-SIAO ont été relayés par l’ensemble des parties, notamment par la Fédération des acteurs de solidarité, et jusque dans la presse. Emmanuelle WARGON, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, a reconnu publiquement les dysfonctionnements et la mé-conception du SI-SIAO. C’est dorénavant une véritable refonte, tournée sur les usages métiers des utilisateurs, que le SIAO 67 appelle de ses vœux pour le futur de SI-SIAO.

Réorganisation du SIAO 67

Depuis sa création en 2011 le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin (SIAO 67) connait une croissance importante. Néanmoins ses moyens ne sont pas toujours à l’aune des missions et objectifs à atteindre qui lui incombent progressivement. Par ailleurs, au-delà des textes législatifs et réglementaires, une multiplicité de documents de cadrage produits tant par la Direction Départementale Déléguée à la Cohésion Sociale (DDDCS) que par le SIAO lui-même nuisait à la lisibilité de sa stratégie. Le SIAO a donc produit en septembre 2020 une note ayant vocation à vocation à pallier cet état, sans se substituer à la nécessaire refonte à venir du projet de service. Ce document a été nourri par les recommandations du contrôle diligenté par la Direction Régionale à la Jeunesse, aux Sports et à la Cohésion Sociale (DRJSCS) du Grand-Est en mars 2019 et par la feuille de route adoptée par le Comité de Pilotage du SIAO 67 en janvier 2020. Il s’agissait aussi de produire une forme de bilan et perspectives des mesures prises par une gouvernance et une direction renouvelées respectivement en juin 2018 et juin 2019. En outre, si cette note s’extrayait volontairement d’un contexte très marqué par l’épidémie de Covid-19, elle a puisé dans les leçons apprises par un écosystème d’acteurs mis à rude épreuve par la crise. Enfin, cette stratégie de réorganisation préfigure le déploiement à grande échelle de la politique publique du Logement d’abord. Les objectifs de la réorganisation sont de
  • Répondre aux enjeux soulevés par la mission de contrôle,
  • Mettre en œuvre la feuille de route 2020,
  • Redonner du sens aux salariés du SIAO dans leur travail,
  • Installer une organisation efficace et lisible, dans l’intérêt général.
Si le SIAO n’a pas obtenu l’entièreté des moyens qu’ils sollicitaient auprès de ses financeurs, l’équilibre général de sa proposition de réorganisation a été respecté et mis en œuvre. En synthèse, la réorganisation du SIAO aboutit à la constitution de trois pôles (veille sociale, dispositif hôtelier, logement d’abord) avec à la tête de chacun un poste de coordination. La création des postes de coordination permet à la direction du SIAO de déléguer les décisions opérationnelles quotidiennes pour s’investir plus dans les enjeux stratégiques : la mise en œuvre de la politique publique du Logement d’abord, le numérique et les systèmes d’information SIAO, et l’amélioration continue des pratiques. Cette réorganisation du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin met au centre de sa réflexion l’usager et le système d’information, pour aligner ses services avec ceux de ses partenaires. La réorganisation a débouché, de façon plus classique et moins théorique, sur l’adoption d’un organigramme refondu, et au tournant de l’année 2021, à une note d’orientation pluriannuelle, donnant des objectifs opérationnels et stratégiques à chacun des pôles du SIAO, en annexe du présent rapport.

La veille sociale

Le Pôle Veille sociale du SIAO 67 regroupe deux missions légales des SIAO, la coordination des acteurs de la veille sociale et la gestion du 115, et une mission conventionnelle du SIAO 67, la gestion d’une maraude professionnelle. Les données d’activités de la veille sociale participent à la fonction d’observation du SIAO sur le territoire.

La coordination des acteurs

L’organisation de la coordination de la veille sociale relève des missions du SIAO. Ces réunions regroupent les accueils de jour, les maraudes, les structures d’hébergement d’urgence et les services de l’Etat. Trois réunions se sont tenues en 2020, durant lesquelles sont abordés des points de contexte, des bilans chiffrés, des informations sur les dispositifs mis en place en fonction de la saisonnalité, l’identification des problématiques, l’échange sur les difficultés rencontrées par les structures. Dans le contexte de crise sanitaire, de l’adaptation de l’accueil dans les structures, de la mise à l’abri massive de personnes à l’hôtel, le manque d’accès aux denrées alimentaires était prégnant. Afin de se concerter et coconstruire les interventions des uns et des autres, la Ville de Strasbourg a organisé durant l’été 2020 des réunions sur l’aide alimentaire puis à compter d’octobre, des réunions dites « intercaritatives ». Ces temps de rencontre rassemblant les acteurs de la solidarité et porteurs d’actions sur l’espace public permettent de favoriser les liens, d’échanger des informations sur les actions en cours, et d’assurer une vigilance sur les difficultés des publics. Sollicité par un collectif d’acteurs citoyens, le SIAO a organisé plusieurs réunions avec des maraudes citoyennes mobilisées pour la distribution de repas et de produits d’hygiène dans les hôtels. Déjà très impliquées durant le premier confinement, ces associations ont fait appel au SIAO afin de les aider à coordonner leurs actions, éviter les doublons, intervenir de façon ciblée et pertinente durant le deuxième confinement. Leur mobilisation a permis de venir en aide à de nombreuses personnes et nous les en remercions chaleureusement.

La première nuit de la solidarité

Dans la nuit du 4 au 5 mars 2020, une vingtaine d’associations ont mobilisé près de 300 personnes, pour organiser un décompte des personnes à la rue. Le SIAO 67 a fait partie des acteurs professionnels qui se sont mobilisés, notamment pour couvrir les secteurs les plus sensibles (parkings, berges, hôpitaux). En ajoutant aux 279 personnes rencontrées dormant à la rue, une estimation du nombre de personnes vivant en squats, la Nuit de la solidarité estime à 872 le nombre de personnes qui ne sont pas prises en charge sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Cette première expérience de recensement des personnes à la rue est un succès en termes de mobilisation citoyenne et associative. Elle augure de futures éditions dans les années à venir, afin que l’ensemble des parties prenantes dispose de données relatives au phénomène du sans-abrisme, quand bien même elles ne constitueraient qu’un indicateur parmi d’autres.

Les accueils de jour

Début 2020, des temps de coordination ont été organisés au profit des accueils de jour, avec pour sujet la mise en place d’un outil de reporting de leur activité. La fréquentation des accueils de jour est en effet un indicateur important de la veille sociale car elle reflète (sans y être égale à cause de potentiels doublons et du non-recours) le nombre de personnes qui sont en très grande précarité sur le territoire. L’outil proposé par le SIAO a pour objectif de suivre la fréquentation des accueils de jour sur une base quotidienne. Il permet aux acteurs de la veille sociale de disposer de données contextuelles évolutives dans le temps, en complément des indicateurs provenant des maraudes et du 115, et par conséquent de gagner en réactivité opérationnelle s’il y a lieu. Il était demandé à chaque accueil de jour de saisir chaque jour dans ce formulaire la fréquentation de leurs permanences. Les données consolidées pouvaient ainsi être restituées par le SIAO en ICIS et en réunion de coordination de la veille sociale. Ces données pouvaient par ailleurs être mise à disposition des structures pour leur faciliter la production de vos rapports d’activité. Après une période d’essai par l’ensemble des acteurs, l’usage de ce reporting et l’exploitation des données qui en sont issus ont été mis en suspens en raison de la crise sanitaire, la plupart des accueils de jour ayant fonctionné en mode dégradé tout au long de la crise.

Les maraudes

Les maraudes professionnelles et institutionnelles bénéficient elles aussi de réunion de coordination dont l’objectif est d’échanger entre les maraudes professionnelles et institutionnelles afin de travailler les situations individuelles, et avec les institutions pour avoir une vision d’ensemble des besoins et des réponses à apporter. L’activité des maraudes étaient transmises via un compte-rendu Word envoyé chaque soir par les maraudes comptabilisant le nombre de contacts réalisés, relatant les faits marquant de la soirée et évoquant des situations individuelles. Mais cette modalité de reporting avait des faiblesses car il ne permettait de savoir combien de personnes différentes étaient rencontrées par les différentes maraude sur une période, les mêmes personnes ayant pu être vues par plusieurs maraudes le même soir ou plusieurs fois dans la semaine. Un nouvel outil de reporting a donc été élaboré par le SIAO et proposé aux maraudes. L’objectif était d’avoir des données fines et consolidées d’une semaine à l’autre sur les personnes différentes vues à la rue, mais aussi de :
  • Comptabiliser le nombre de personnes à la rue en non-recours aux services, notamment les personnes qui ne souhaitent pas être hébergées, et donc d’identifier les situations les plus complexes ;
  • Comptabiliser les demandes d’hébergement non pourvues de personnes effectivement vues à la rue ;
  • Connaitre les situations des personnes à l’égard du logement, de connaitre les compositions familiales, et la présence d’animaux ;
  • Comprendre les raisons qui poussent parfois les personnes à refuser une proposition d’hébergement et donc de questionner les conditions d’hébergement d’urgence.
Il s’agit d’observer l’évolution du phénomène de sans-abrisme : les chiffres fiabilisés permettent de faire remonter les besoins, et les données qualitatives de mieux coordonner le travail social. Ce formulaire relativement court est à compléter sur une tablette ou un smartphone en rue pour chaque contact. Le compte-rendu qui en est issu est transmis le lendemain aux maraudes et une synthèse communiquée aux services de l’Etat. Cette modalité de collecte de données respectueuse du Règlement Général sur la Protection des Données personnes en permettant le recueil du consentement des personnes à la transmission de leurs données nominatives ou le respect de leur anonymat. En collaboration avec l’ensemble des maraudes, ce formulaire pourra être amené en 2021 à évoluer et à affiner les items proposés.

L’aide alimentaire et non alimentaire

Comme évoqué plus haut, des besoins nouveaux ont découlés de la période de confinement, nécessitant un investissement inédit du SIAO sur ce sujet. De nombreux ménages, tant dans les hôtels qu’à la rue, n’ayant plus accès à des distributions alimentaires ou à des produits d’hygiène, le SIAO a par exemple été amené, grâce aux Restos du Cœur, à distribuer des couches aux familles hébergées à l’hôtel. Pour pallier les besoins, les services de l’Etat ont fourni des chèques services que le SIAO a distribué dans un premier temps dans les hôtels mais aussi dans les squats et dans la rue. Ces chèque service ont également permis de constituer des packs hygiène distribués aux personnes rencontrées à la rue. Grâce à la mobilisation importante de CARITAS, des colis alimentaires ont été distribués dans les différents hôtels toutes les deux semaines au plus fort de la crise. Pour ce faire, le SIAO fournissait en amont de chaque distribution, la liste et la composition des ménages par hôtel. Pour faire face à la demande, le SIAO a demandé à la Préfecture à pouvoir bénéficier d’un accès à la Banque Alimentaire. Ce sont ainsi plusieurs tonnes de denrées qui ont été distribuées dans la rue ou dans les squats par la maraude. De même des repas restant du PAX étaient récupérés par la maraude pour être distribués ensuite dans la rue. Le SIAO 67 est dorénavant un acteur agréé de l’aide alimentaire. L’ARSEA a également contribué à la distribution de chèques services et de masques dans les hôtels, masques dont la gestion de stock était assurée par l’AAHJ et la Banque Alimentaire. Malgré l’annonce d’un nouveau confinement et le début de la période hivernale, les lieux de distribution de colis alimentaire sont restés accessibles. Les ménages hébergés dans des hôtels dépourvus de cuisine collective ou d’équipement de cuisine dans les chambres, restaient cependant en difficulté pour se nourrir. Sur financement de l’Etat, l’Etage et Strasbourg Action Solidarité se sont alors mobilisés et ont assuré la distribution de repas chaque soir, sept jour sur sept, dans neuf hôtels, à compter du mois de novembre.

Le 115 du Bas-Rhin

La fusion des systèmes d’information SI-SIAO a engendré des interruptions de services, des pertes de données, et des incertitudes quant à la fiabilité des indicateurs. Il est donc complexe de comparer les données 2020 à celles des années précédentes. Les analyses qui suivent donc être lues comme des tendances reflétant un contexte, plutôt que comme des données d’observation parfaitement justes.

Les appels entrants et décrochés au 115 du Bas-Rhin

Le 115 du Bas-Rhin bénéficie depuis début 2019 d’un système de gestion numérique des appels. Les données relatives à la téléphonie sont issues de cet outil et sont donc a priori fiables et justes. La corrélation entre les évènements marquants de l’année, mis en perspective avec les données des semaines antérieures et postérieures à l’année 2020, est éloquente. Rapport annuel 2020 SIAO 67 appels 115 La fin du roulement du 115, et le passage concomitant aux mises à l’abri durables et massives dans le contexte du premier confinement, engendre une chute drastique des appels au 115. Le nombre d’appels remontre progressivement jusqu’au deuxième confinement qui marque le début anticipé de l’hiver, et la reprise des mises à l’abri en masse. 69 410 appels ont été enregistrés dans le logiciel SI-SIAO 115 par le 115 du Bas-Rhin en 2020 (109 600 en 2019, soit une baisse de 37%). Le taux de décrochage moyen sur l’année 2020 s’établit à 73%, alors qu’il était en 2019 de 50%.

Les demandes d’hébergement d’urgence et le taux de demandes non pourvues

Le 115 recense les demandes d’hébergement. Le graphique ci-dessous présente le nombre de demandes d’hébergement individuelles, cumulées par semaine. Une personne ne peut formuler qu’une demande par jour, et peut donc représenter jusqu’à 7 demandes par semaines. Malgré l’absence de données disponibles au cours des deux semaines qui ont suivi la mise en service du nouveau système d’informations SIAO, là encore, la corrélation entre les périodes de l’année et les demandes d’hébergement mérite analyse.   On constate dans le graphique ci-dessus que la pratique du roulement du 115 (les personnes sont mises à l’abri quelques nuits puis voient leur prise en charge s’achever au profit d’autres) engendre un grand nombre de demandes pourvues chaque semaine. En corrélation, le taux de demandes non pourvues est inférieur à 80%. En réalité la pratique du roulement entretien un nombre important de personnes qui se relaient sur des places (1 pour 10 à l’issue de l’hiver 2019 – 2020), sont ainsi maintenues dans la plus grande précarité, et renouvellent de semaine en semaine leurs demandes d’hébergement. Dès qu’il est mis fin au système de roulement du 115, le taux de demandes non pourvues s’élève à plus de 90%. Cette donnée est contre intuitive car en réalité le nombre de demandes en valeur absolue chute drastiquement, du fait des mises à l’abri « à durée indéterminée ». Les personnes dont la demande d’hébergement est pourvue à partir du premier confinement n’ont pas à rappeler le 115 (sauf exceptions de type exclusions, départs volontaires, etc.). Le pic de la semaine 43 est dû au démantèlement du squat Bugatti et à la mise à l’abri de ses occupants. Ces derniers ne formulaient plus de demandes auprès du 115. Le fait que leur demande soit pourvue en cette occasion engendre une « anomalie » dans la routine des statistiques du 115. Dès la fin du premier confinement, le rythme des mises à l’abri baisse. Le nombre de demandes d’hébergement non pourvues repart à la hausse. Cette évolution démontre que le 115, comme tous les acteurs de la veille sociale, ne sont pas confronté uniquement à un effet de « stock » de personnes à la rue – presque résorbé au cours du premier confinement, mais aussi à un flux de personnes nouvelles. Ce « flux » est alimenté par des histoires de vie hachées et des mouvements démographiques internes au territoire national, mais aussi et principalement par la demande d’asile. Si l’arrivée de primo-demandeurs a drastiquement chuté en 2020, compte tenu des délais de procédure le flux de personnes déboutées de la demande d’asile en fin de prise en charge dans les structures du Dispositif National d’Accueil des Demandeurs d’asile s’est lui maintenu. Rapport annuel 2020 SIAO 67 DA
Focus sur le taux de demandes non pourvues La fusion des SI-SIAO et l’évolution des pratiques du 115 au cours de l’année 2020 a engendré un questionnement du SIAO autour du taux de demandes d’hébergement non pourvues. Cet indicateur est conçu à l’origine pour mesurer la tension de la demande d’hébergement auprès du 115. Il s’avère qu’il est néanmoins tronqué par les renouvellements automatiques de prise en charge des personnes. Ainsi, certaines demandes pourvues concernent en fait des personnes qui sont déjà mises à l’abri et sont un effet logiciel. Afin de disposer de données parfaitement fiables, le SIAO a envisagé de paramétrer le SI-SIAO afin que toutes les prises en charge soient renouvelées chaque jour, sauf intervention manuelle. Dans cette hypothèse, le taux de demandes non pourvues ne serait plus l’indicateur de la tension de la demande auprès du 115, mais celui de l’effort restant à fournir pour héberger les personnes en demande par rapport à celles qui sont déjà hébergées. Par un simple mais fastidieux paramétrage logiciel, le taux de demandes non pourvues s’établirait alors dans le département du Bas-Rhin autour de 3%. Le SIAO 67 a cependant renoncé à mettre en œuvre ce paramétrage pour conserver une comparaison avec les autres départements, et car il engendrerait des difficultés insurmontables en l’état des outils pour la gestion du dispositif hôtelier.
Si tant est que ces données soient comparables, 62 629 demandes d’hébergement individuelles ont été formulées auprès du 115 du Bas-Rhin en 2020, en baisse de 45% par rapport aux demandes enregistrées en 2019 (113 836 demandes d’hébergement individuelles formulées auprès du 115 du Bas-Rhin en 2019). 25,3% des demandes d’hébergement ont été pourvues au cours de l’année 2020. 50,7% des personnes en demande d’hébergement au cours de l’année 2020 ont vu leur demande pourvue au moins une nuit en 2020. La plupart sont encore hébergées à la fin de l’année.  

La maraude du SIAO

Depuis novembre 2019, le SIAO 67 est doté d’une maraude professionnelle. Celle-ci est composée de cinq membres, 2 travailleurs sociaux et 3 intervenants sociaux, et est équipée d’un véhicule. Elle se déploie en fin de journée pour couvrir les soirées. La maraude du SIAO 67 tourne 6 jours par semaine sur le territoire de l’Eurométropole, et explore une fois par semaine l’une des sous-préfectures du Bas-Rhin. La maraude professionnelle du SIAO 67 cherche à répondre aux besoins suivants :
  • La détection précoce, l’assistance et l’orientation des grands précaires isolés 
  • La détection précoce, l’assistance et l’orientation des familles à la rue
  • L’exploration de territoires hors du centre de l’Eurométropole
  • Le transport de personnes
  • La coordination des acteurs et l’observation sociale
Pour répondre à ces besoins, les objectifs que donne le SIAO 67 à sa maraude sont
  • Aller vers et créer du lien
  • Porter assistance aux plus vulnérables
  • Evaluer les situations sociales et enregistrer les demandes de prestation ou d’hébergement
  • Produire des informations consolidées sur le public à la rue
  • Développer des pratiques communes et complémentaires avec ses partenaires
S’il en était encore nécessaire, la crise liée au Covid-19 a donné à la maraude du SIAO 67 toute sa légitimité auprès de ses partenaires. Jamais au cours de l’année 2020 la maraude n’a cessé ses tournées quotidiennes, ni n’a omis de répondre aux signalements du 115 et des partenaires de la veille sociale. Quand bien même elle n’en fait pas son exclusive, ni ne s’y cantonne, la maraude du SIAO 67 est de fait considérée par les maraudes et accueils de jour du territoire comme l’acteur de la mise à l’abri des familles. Dans la crise, la maraude du SIAO 67 a en outre assuré de nombreuses prestations alimentaires, en distribuant à l’hôtel des denrées et des tickets services, mais surtout en approvisionnant chaque semaine les résidents du squat Bugatti en denrées alimentaires. A l’issue de l’année 2020, plusieurs enjeux de positionnement, repoussés par l’urgence, restent à résoudre pour la maraude du SIAO 67 :
  • Le positionnement central de la maraude dans les mises à l’abri, à la demande des services déconcentrés de l’Etat. Si la consigne de prioriser les personnes vulnérables rencontrées à la rue par les maraudes est légitime, elle ne saurait avoir pour effet de vider le 115 et les accueils de jour de leur raison d’être.
  • Le développement de partenariats avec les acteurs sanitaires. Si depuis l’été 2020, Médecins du Monde et la maraude du SIAO assurent chaque samedi une maraude conjointe, des modalités opérationnelles restent à mettre en œuvre avec ITHAQUE et l’Equipe Mobile Psychiatrie Précarité.
  • La contribution de la maraude du SIAO 67 à la production de bilans – diagnostics pour les personnes à la rue sans référent social connu, dans le cadre des réunions « situations complexes » et du développement d’une veille sociale unique, dans l’esprit du Logement d’abord.
  • Le développement de liens avec les territoires d’Haguenau, Molsheim, Saverne et Sélestat. Les maraudes exploratoires dans les sous-préfectures ne permettent pas de répondre aux rares et ponctuels besoins.
  • La mise en œuvre du projet MARAUD’IN de médiation numérique, pour lequel la maraude du SIAO 67 est partenaire de la Fédération des acteurs de la solidarité nationale.

L’hébergement d’urgence dans le parc hôtelier

Le parc hôtelier est un élément essentiel de l’hébergement d’urgence dans le département du Bas-Rhin : il en est la variable d’ajustement. Dans le Bas-Rhin, historiquement, faute de centre d’hébergement d’urgence dédié aux familles en accès direct hors période hivernale, les familles à la rue avec enfant en situation de vulnérabilité sont mises à l’abri dans le dispositif hôtelier. Les personnes isolées, les couples et les groupes d’adultes ne sont hébergés à l’hôtel que lorsqu’ils ou elles sont victimes de violence, objet d’un démantèlement de campement ou dans de rares occasions sortants d’institutions (hôpitaux, prisons). Au cours de cette année 2020 marquée par l’épidémie de Covid et ses conséquences, le dispositif hôtelier a été très sollicité et a fait preuve de sa flexibilité.

Evolution de la file active et du coût du dispositif

Faute d’autre solution opérationnelle, et car l’hébergement est une mesure barrière contre l’épidémie de Covid, le recours aux mises à l’abri à l’hôtel a été massif en 2020. La file active des personnes hébergés au sein du dispositif hôtelier a ainsi bondi de 1 748 personnes le 31 décembre 2019 à 2 745 personnes le 31 décembre 2020 (soit +57%). Le nombre de nuitées est passé de 549 275 en 2019 à 877 768 en 2020 (soit +60%). Le coût à la nuitée a évolué de 20,32 euros en 2019 à 23,45 euros en 2020 (soit +15%). Par conséquent, le coût du dispositif d’hébergement d’urgence en hôtels est passé de 11,162 millions d’euros en 2019 à 20,587 millions d’euros en 2020 (soit +84%). Le graphique ci-dessous montre la corrélation entre les différentes périodes de l’année 2020 avec l’évolution de la file active : Rapport annuel 2020 SIAO 67 HOTELS Alors que l’année commence par un effort de réduction du recours aux nuitées hôtelières, le premier confinement occasionne plus de 1 100 mises à l’abri en trois mois (mars, avril, mai). La période d’accalmie de l’épidémie qu’offrent les mois suivants (juin, juillet, aout, septembre) montre un retour à « la normale » : le rythme des entrées est légèrement inférieur aux sorties, engendrant une stabilité de la file active. Dès octobre cependant, l’évacuation du squat Bugatti et le déclenchement prématuré du plan hiver pour cause de deuxième confinement entraine une reprise des admissions et une nouvelle hausse de la file active. Cette hausse est relativement contenue grâce à la création de 500 nouvelles places « ménages aux droits incomplets » dans le cadre d’une forme de plan de réduction des nuitées hôtelières, dont la montée en charge commence au cours du dernier trimestre 2020 et se poursuit au-delà.

Le public mis à l’abri

En termes de publics mis à l’abri dans le dispositif hôtelier, l’évolution principale de l’année 2020 réside dans la proportion d’hommes et de femmes isolés hébergés. Alors que ces derniers n’avaient accès, en termes d’hébergement d’urgence, qu’aux places dans les centres d’hébergement d’urgence régulés par le 115, souvent soumises au régime du roulement, ils ont pu sous l’effet des contraintes liées au Covid, accéder à l’hébergement en hôtels. Deux autres tendances méritent une analyse : l’évolution du nombre de demandeurs d’asile pris en charge, à la baisse, et celle du nombre de femmes victimes de violences, à la hausse.

Les personnes isolées et les « dispositifs hybrides »

Si pour l’immense majorité des hommes et des femmes isolés l’hébergement dans des hôtels « classiques » se déroule sans difficultés, malgré un co-hébergement très optimisé (jusqu’à 3, voire 4, personnes par chambre), pour les plus précaires ou pour ceux dont la santé est la plus dégradée, il en va autrement. A l’issue de l’année 2020, les isolés hébergés à l’hôtel sont 592 et représentent 21% de la file active. Parmi ces personnes isolées, au 31 décembre 2020, 257 sont hébergées dans des dispositifs dénommés « hybrides » au cours de la crise Covid. La notion d’hybride est née du mélange des prestations hôtelières avec des dispositifs sociaux. Quatre de ces dispositifs hybrides ont vu le jour au cours de l’année 2020. Le PAX avec pour opérateur social le SIAO 67 (relayé par l’ARSEA en septembre) et le Formule 1 Geispolsheim, dont le porteur des prestations sociales est Horizon Amitié, dès la fin mars. Puis la Croix-Rouge Française a porté d’avril à juillet un dispositif social au sein de l’IBIS Gare. L’EAST HOTEL, enfin, a ouvert à l’occasion du deuxième confinement en fin d’année. Par ailleurs, le SIAO 67 a parfois mobilisé des chambres d’hôtels « classiques » pour des personnes seules, la plupart du temps car ces dernières étaient invalidées par des pathologies somatiques lourdes ou psychiatriques.

Les demandeurs d’asile

Le nombre de ménages demandeurs d’asile hébergés à l’hôtel par le SIAO est passé de 487 en 2019 à 358 en 2020 (-26%), et le nombre de personnes distinctes de 2877 à 1765 (-39%). Deux éléments distincts expliquent une telle baisse du nombre des demandeurs d’asile hébergés à l’hôtel : la crise Covid qui a considérablement réduit le nombre d’arrivées sur le territoire d’une part, l’échange mensuel de données avec l’OFII qui a permis de mettre à jour les statuts administratifs dans les bases de données du SIAO d’autre part. Le nombre moyen de personnes par ménage demandeur d’asile est passé de 5,9 à 4,9 (-17%), en reflet de l’évolution de la politique de mise à l’abri des personnes isolées dans le dispositif hôtelier. Le total des nuitées hôtelières affectées aux demandeurs d’asile a chuté de 252 363 en 2019 à 106 379 en 2020, et en proportion directe le nombre de places mobilisées de 691 à 291 (-58%). En outre, la moyenne des nuitées hôtelières par personne a baissé de 88 en 2019 à 60 en 2020 (-31%), traduisant une durée de séjour réduite des demandeurs d’asile à l’hôtel. La réduction de la durée moyenne de séjour s’explique essentiellement par la plus grande capacité de l’OFII à héberger rapidement les ménages demandeurs d’asile éligibles au sein du Dispositif National d’Accueil du fait des moindres arrivées. Restent néanmoins durablement hébergés à l’hôtel les demandeurs d’asile qui du fait de leur parcours migratoire ne sont pas éligibles au DNA. Malgré une hausse du coût moyen de la nuitée de 21 à 24 euros, la dépense hôtelière affectée au BOP 303 est passée de 5 180 590 euros en 2019 (avant correction budgétaire entre Etat et CCAS de Strasbourg) à 2 572 284 euros en 2020, soit une baisse de 50%.

Les femmes victimes de violences

Les effets de la crise Covid ont eu une répercussion forte sur les violences dites conjugales. Le nombre de mises à l’abri réalisées par le SIAO 67, principalement dans le dispositif hôtelier, pour le motif de victimes de violence a explosé de 160% (en situations familiales) :
  2019 2020
Femmes victimes de violence 55 143
Enfants ou apparentés associés à la victime 10 49
TOTAL PERSONNES 65 192

Les prémices de l’accompagnement social à l’hôtel 

Face à l’augmentation du nombre de personnes prises en charges lors du premier confinement lié à la crise sanitaire, en juin et juillet 2020 le SIAO 67 et les partenaires ayant répondu à son appel (l’Etage, Entraide le Relais et le Home Protestant) ont mobilisé des équipes de travailleurs sociaux afin d’effectuer des évaluations des ménages hébergés à l’hôtel. En parallèle, à l’initiative du gouvernement, des équipes de la Caisse d’Allocation Familiale et de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie sont allées à la rencontre de ménages de droit commun hébergés à l’hôtel. Ces deux expériences conjuguées n’ont rencontré qu’un nombre réduit de ménages (25% de la file active de l’époque). Elles ont néanmoins montré l’ampleur des besoins d’accompagnement social non couverts pour les ménages hébergés à l’hôtel. Les tendances observées dans le Bas-Rhin l’ont été tout autant au niveau national. Ainsi, la note d’orientation « Accueil Hébergement Insertion – Logement d’abord » de la Direction Générale de la Cohésion Sociale datée du 21 aout 2020 instruit les services déconcentrés de l’Etat de développer l’accompagnement social des ménages hébergés à l’hôtel, sans se substituer aux accompagnements déjà existant ni à l’offre du territoire. Cet accompagnement social, par la création d’une plateforme inspirée du modèle développé en Ile-de-France, doit permettre de favoriser l’accès au logement des ménages mis à l’abri à l’hôtel. C’est dans ce contexte qu’une action expérimentale d’évaluation des ménages mis à l’abri dans le parc hôtelier a vu le jour au dernier trimestre de l’année 2020. Elle a pour vocation de rencontrer les ménages à l’hôtel et d’évaluer leur situation afin de permettre leur orientation vers des dispositifs adaptés. Ne sont cependant pas ciblés par l’expérimentation les ménages bénéficiant déjà d’une forme de suivi social connu :
  • Les personnes en demande d’asile accompagnées par la SPADA ;
  • Les personnes ayant le statut de réfugiés ; 
  • Les femmes victimes de violences.
Outre les crédits de la Stratégie Pauvreté mobilisés pour renforcer structurellement le Pôle Hôtel du SIAO 67, cette expérimentation a été financée sur des crédits exceptionnels du BOP 177 liés à la période hivernale 2020/2021. En termes de moyens humains, ces fonds ont permis la mobilisation de 5 ETP de travailleurs sociaux diplômés, répartis entre l’association Entraide le Relais et l’association l’Etage, de la manière suivante : L’expérimentation a débuté le 1er novembre 2020 et doit se poursuivre jusqu’au 31 mars 2021. Elle a pour objectif de rencontrer environ 800 ménages.  

Le projet Entre-Deux

« L’Entre Deux » est un dispositif expérimental innovant qui consiste à héberger une personne ou une famille, de façon temporaire à l’hôtel ou dans une structure d’hébergement, dans l’attente de son entrée à une date connue sur un dispositif classique et pérenne. Il permet d’éviter une rupture de prise en charge ou offre une prise en charge précoce. Le SIAO 67 met en œuvre « L’Entre-Deux » pour le compte de l’Eurométropole de Strasbourg dans le cadre d’une convention de financement d’un montant de 90 000 € signée le 22 décembre 2017. Les premières prises en charge de ménages par le SIAO 67 dans le cadre de « L’Entre-Deux » datent de février 2018. L’accès à « L’Entre Deux » repose sur la connaissance d’une date de prise en charge dans un dispositif classique. « L’Entre Deux » se greffe ainsi sur l’existant pour l’améliorer, ce qui assure sa pertinence. Néanmoins, cette « barrière à l’entrée » ne permet de cibler qu’un public restreint. Au cours de l’année 2020, les critères d’accès à l’Entre Deux ont été élargis, notamment aux personnes prises en charge dans le dispositif « Un chez soi d’abord », le temps de la prospection. L’enveloppe confiée au SIAO 67 a ainsi été consommée entièrement.

Le projet DRDFE

La Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité a confié en octobre 2020 au SIAO 67 une enveloppe de 12 000 € pour lui permettre d’assurer la mise à l’abri des femmes victimes de violence dans des circonstances exceptionnelles. A ce titre, le SIAO a engagé presque 2000 € de dépenses au dernier trimestre de l’année pour louer des gites, des logements AirBnB ou des chambres d’hôtels hors de l’Eurométropole de Strasbourg.

L’insertion et le Logement d’Abord

Le recensement des places d’hébergement d’insertion et de logement accompagné, ainsi que le traitement équitable des demandes des personnes qui souhaitent y accéder, est au fondement de la création et du rôle des Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation. Si le SIAO 67 s’est bien sûr acquitté de ses tâches en 2020, il lui est cependant impossible d’en rendre compte de façon quantitative. La fusion des SI-SIAO 115 et insertion en septembre 2020 a engendré des dysfonctionnements importants, et persistants. A la date de publication de ce rapport, en juin 2021, les extractions des données du SI-SIAO sur son versant insertion restent erronées, incohérentes et inconsistantes d’une période à l’autre. Les données présentées ci-dessous n’ont donc qu’une valeur toute relative, et ne sauraient constituer une référence. Elles constituent une analyse de volume d’activité, et ne peuvent être exploitées en détail à des fins qualitatives sur les publics ou les structures.

La demande « insertion »

En 2020, le SIAO 67 a reçu et traité 4263 demandes (dossiers), soit 57% (1550) de plus qu’en 2019 (2 713 demandes). Parmi les demandes reçues en 2020, le SIAO a dû en annuler 1563, l’immense majorité de ces dernières étant due à des doublons créés artificiellement par le dysfonctionnement de la plateforme SI-SIAO à partir de sa fusion en septembre. La surcharge de travail, dépourvu de sens, qu’ont entrainé ces dysfonctionnement est à souligner. Lissée sur l’année, la demande elle-même semble donc relativement constante par rapport en 2019. Les observations empiriques de l’équipe Insertion – Logement d’abord du SIAO 67 confirment cette tendance à la stabilité lissée sur l’année. Le logiciel SI-SIAO, dans sa version nouvelle, a fait disparaitre les demandes « insertion » annulées avant sa fusion en septembre 2020. Cette donnée aurait pu permettre de distinguer les demandes annulées pour des motifs opérationnels habituels (par exemple lorsque le ménage ne présente pas de besoin d’accompagnement social, ou ne relève pas de la compétence de l’insertion par le SIAO comme les demandeurs d’asile), des demandes annulées pour cause logicielle. Si tant est que la source d’information soit fiable, l’origine des demandes « insertion » formulées auprès du SIAO 67 est riche d’enseignement sur le rôle des acteurs du champ de l’accueil hébergement insertion. Le graphique ci-dessous en présente la répartition au cours de l’année 2020 par types de structures de premier accueil. Les unités territoriales de la Collectivité Européenne d’Alsace et, par délégation du Département, de l’Eurométropole de Strasbourg, sont les principaux pourvoyeurs de demandes « insertion » auprès du SIAO. En y ajoutant à ces demandes celles émanant des CCAS du territoire, les services sociaux polyvalents, non spécialisés sur la grande précarité et les personnes à la rue, représentent 36% des demandes présentées. Le rôle du système de droit commun (par rapport aux approches sectorielles des publics) dans le volume d’activité du SIAO (conçu à l’origine comme un dispositif de veille sociale) est à souligner, et prendre en considération dans les réformes à venir du champ. Avec 11% des demandes « insertion » introduites auprès du SIAO, les structures du Dispositif National de l’Asile viennent en deuxième dans la typologie des acteurs. Ces demandes concernent en premier lieu les ménages qui ont obtenu le statut de réfugié. En 2020 cependant, les structures du DNA ont aussi pu formuler pour les ménages déboutés de la demande d’asile particulièrement vulnérables des demandes SI-SIAO insertion. En effet, compte tenu du volume de places dites « ménages aux droits incomplets » sur le territoire, le SIAO a dû réguler l’accès à ces dernières par des listes d’attente, une fonctionnalité disponible uniquement sur le volet insertion du SI-SIAO. Les structures du champ sanitaires se sont bien emparés du dispositif que constitue le SIAO pour leurs patients précaires. Ainsi les Lits Halte Soins Santé, les Lits d’accueil médicalisé et les hôpitaux ont formulé 8% des demandes réceptionnées par le SIAO 67 en 2020. Si cette démarche peut être perçue comme un « transfert de charge » d’un champ (sanitaire) à l’autre (social), elle répond pour autant bien à une mission importante du SIAO : la prévention des retours à la rue pour les personnes sortant d’institution. A cet égard, il est notable de constater l’émergence des demandes « insertion » formulées par les structures de l’Aide Sociale à l’Enfance (3%). Cette tendance à la hausse est à corréler à l’augmentation du temps de travail au sein du SIAO 67 dédié aux jeunes et aux sortants de l’ASE à partir d’octobre 2020, grâce à un financement de la CAF, de la Mission Enfance Famille de la CeA et du Fonds d’Appui aux Politiques d’Insertion (FAPI). Pour autant, la plateforme jeunes de l’Etage, spécialisée dans l’accompagnement des jeunes précaires, reste encore en 2020 le principal pourvoyeur de demandes au SIAO pour ce public (5%). Les CHRS formulent chacun 3% du total des demandes « insertion » qui arrivent au SIAO. Ces demandes ont vocation à orienter « vers le haut », c’est-à-dire vers des dispositifs de logement accompagné les personnes. Dans une moindre mesure, ces demandes ont vocation à réorienter les personnes vers une autre structure dans l’hypothèse d’une non-adhésion des personnes. Les acteurs du logement accompagné formulent aussi 3% du total des demandes. Ces dernières sont essentiellement liées à des demandes de réorientation vers d’autres dispositifs, en cas de mise en difficulté du parcours d’accompagnement du ménage. Les acteurs de la veille sociale (accueils de jour, plateformes RSA, hébergements d’urgence et de stabilisation), tournés les mises à l’abri et la gestion de collectifs, ne formulent ensemble que 14% des demandes « insertion ». Cette donnée interroge sur les moyens en travailleurs sociaux qui leurs sont dévolus pour formuler des bilans-diagnostics étayés des personnes qu’ils accompagnent, au-delà de l’inconditionnalité de leur accueil et de la création de lien. En effet, dans une perspective « Logement d’abord », c’est-à-dire dans la création de parcours courts « de la rue au logement », les acteurs de la veille sociale vont être en première ligne pour établir ces bilans afin que soient prescrites aux personnes les plus précaires des mesures d’accompagnement vers le logement. Il faut enfin constater dans ce commentaire sur la source des demandes SIAO insertion reçues en 2020 par le SIAO 67 le poids important des évaluations expérimentales menées dans les hôtels. 10% des demandes réceptionnées par le SIAO au cours de l’année en émanaient, alors même qu’à la fin 2020 l’expérimentation de plateforme d’accompagnement des ménages hébergés à l’hôtel n’en n’était qu’à son deuxième mois d’existence. Cette donnée interpelle sur le besoin crucial d’accompagnement social des ménages hébergés pour être mis en parcours.

Le traitement des demandes et les listes d’attente

La procédure de traitement des demandes SI-SIAO « insertion » a été refondue en 2019. Cette procédure n’a pas connu de remaniement majeur en 2020. Les demandes transmises, nouvelles ou mises à jour, sont traitées au fil de l’eau par l’équipe. Les disponibilités annoncées par les structures pourvues au moins deux fois par semaine dans le cadre d’une commission interne, ouverte à qui veut y participer. SIAO 67 traitement demande SI-SIAO NB : les délais de traitement ci-dessus doivent être considérés comme des objectifs pour l’équipe du SIAO et pas encore comme un engagement de sa part. 3924 demandes inscrites sur liste d’attente au cours de l’année 2020. Ce chiffre est bien plus élevé que le nombre de demandes transmises en bonne et due forme au SIAO car il prend en considération les réinscriptions sur liste d’attente. En effet, une demande SI-SIAO doit être mise à jour tous les deux mois (maximum) par le travail social qui l’instruit, pour s’adapter à l’évolution de la situation du ménage. Par conséquent, le SIAO retraite les demandes mises à jour, et est susceptible, toujours en fonction de l’évolution de la situation sociale du ménage, d’inscrire la demande mise à jour sur une nouvelle liste d’attente. Au 31 Décembre 2020, 855 demandes sont inscrites en liste d’attente (voir tableau ci-dessous). Ce chiffre est à comparer aux 562 demandes inscrites au 31/12/2019. Cette hausse est principalement due à l’ouverture du processus « insertion » aux ménages aux droits incomplets vulnérables, pour les raisons susmentionnées de fonctionnalité de liste d’attente. En effet, en omettant du total des demandes en liste d’attente les 233 ménages aux droits incomplets, le total des demandes s’élève à 622, en hausse modérée par rapport à l’état à la fin de l’année 2019. Rapport Annuel 2020 SIAO 67 listes d'attente Les orientations en structures L’équipe insertion – Logement d’abord du SIAO 67 a réalisé l’orientation de 1 277 demandes vers une structure en 2020, par rapport à 1 958 orientations en 2019, soit une baisse de 35%. Cette baisse s’explique essentiellement par le « gel » des admissions en structures lors des deux confinements.

Annexes

 

Organigramme du SIAO 67 au 8 mars 2021

Note d’orientation 2021 – 2022 (adoptée par le CA du SIAO le 21/02/2021)

Cette note d’orientation est un document de politique générale qui relève de l’initiative du Conseil d’Administration de l’association SIAO 67. Elle dessine une vision et une ambition pour l’association qui porte le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin, sans pour autant que les moyens de les mettre en œuvre ne lui soit acquis ni qu’elle n’ait prise sur les éléments de contexte. Cette note d’orientation n’a donc pas valeur d’engagement contractuel auprès des partenaires du SIAO 67. La vocation de cette note d’orientation est d’abord de doter les équipes du SIAO 67 d’un cadre stratégique pluriannuel pour guider leurs actions. Ce document a ensuite pour fonction de diffuser la vision et l’ambition du Conseil d’Administration du SIAO 67 auprès de ses membres et partenaires, sans la coopération desquels les missions du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation n’ont de sens. L’objectif de cette note, enfin, est de constituer l’architecture du projet de service 2022 – 2027 du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin. La présente note fait suite à la restructuration du SIAO 67 de Novembre 2020 en trois pôles, et constitue en ce sens une nouvelle étape dans l’amélioration de son organisation et de ses pratiques. Cette étape s’inscrit pleinement dans la politique publique du Logement d’Abord qui vise à réformer les champs de l’Accueil, Hébergement, Insertion et du Logement Accompagné. Les Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation en constituent un élément structurant, et ont vocation à l’aune du Logement d’Abord à se transformer en Service Public de la Rue au Logement. Ainsi, le Conseil d’Administration du SIAO 67, tout en assurant la continuité des missions légales du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Bas-Rhin, fait siennes les orientations du Plan quinquennal pour le Logement d’Abord et la lutte contre le sans-abrisme, de la mise en œuvre accélérée du Logement d’Abord sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, et de l’instruction ministérielle Accueil Hébergement Insertion du 21 Aout 2020. Le Conseil d’Administration du SIAO 67 identifie les années 2021 et 2022 comme une période charnière dans l’évolution des pratiques sociales liées à la grande précarité et à l’accès au logement, et adopte les présentes orientations dans cet esprit. Pôle Veille sociale Objectif général : Repérer et évaluer les situations, mettre à l’abri les plus vulnérables Coordination des acteurs de la veille sociale Objectifs spécifiques :
  • Organiser et coordonner les acteurs de la veille sociale
Actions :
  • Réunions de coordination des acteurs de la veille sociale
  • Réunions de coordination des accueils de jour
  • Réunions de coordination des maraudes bénévoles et citoyennes
  • Réunions de suivi des situations complexes avec les acteurs médico-sociaux
Résultats attendus :
  • L’ensemble des personnes précaires bénéficient d’une évaluation sociale (demande SI-SIAO)
  • Les acteurs offrent des services complémentaires en termes géographique et horaire
115 Objectifs spécifiques :
  • Assurer une première évaluation ou une mise à jour de la situation
  • Mettre à l’abri en centre d’hébergement d’urgence s’il y a lieu
  • Orienter vers les acteurs de la veille sociale pour évaluation sociale et secours
  • Informer les personnes sur les dispositifs d’aide à leur disposition et les remobiliser
Actions :
  • Saisie des demandes d’hébergement et de prestations dans SI-SIAO
  • Prise de rendez-vous pour les personnes dans les accueils de jours pour évaluation
  • Elaboration d’un guide de l’écoutant 115 et formation des écoutants à son usage
Résultats attendus :
  • Les données des fiches personnes ayant recours au 115 sont à jour et enrichies de notes
  • Le 115 a toujours une réponse à proposer, même en l’absence de place d’hébergement
Maraude SIAO Objectifs spécifiques :
  • Repérer les personnes à la rue, notamment celles en non-recours aux services
  • Aller vers et créer du lien, apporter un secours matériel et alimentaire et informer
  • Evaluer les vulnérabilités des personnes et prioriser les mises à l’abri
  • Orienter les acteurs sanitaires vers les personnes le plus en besoin de soins
  • Produire une évaluation sociale détaillée (demande SI-SIAO) pour les cas les plus complexes
Actions :
  • Recensement des personnes sans-abri dans un formulaire de signalement
  • Saisie des informations sur les personnes dans SI-SIAO
  • Entretiens d’évaluation sociale seulement si non recours de la personne à tout autre service
Résultats attendus :
  • Les données des fiches personnes à la rue sont enrichies de notes par la maraude
  • Les personnes les plus vulnérables et éloignées de l’offre bénéficient d’une vigilance
  Pôle Hôtels Objectif général : Accompagner les personnes abritées, contrôler le dispositif d’hébergement Coordination de la plateforme d’accompagnement des ménages Objectifs spécifiques :
  • Assurer que l’ensemble des situations bénéficient d’un accompagnement social
  • Assurer que l’ensemble des situations éligibles bénéficient d’une demande SI-SIAO à jour
Actions :
  • Evaluation de l’expérimentation de plateforme d’accompagnement
  • Coordination des associations mandatées pour intervenir dans les hôtels
  • Réunion mensuelle de coordination des interventions dans les hôtels
Résultats attendus :
  • La durée moyenne de séjour à l’hôtel est réduite
  • Le volume de nuitées hôtelières mobilisé est réduit
Contrôle du dispositif d’hébergement Objectifs spécifiques :
  • Contrôler la gestion financière du dispositif hôtelier
  • Contrôler la présence des usagers
  • Contrôler les sites et les pratiques des hôteliers (bientraitance, sécurité, salubrité) 
Actions :
  • Développement d’une application de gestion du dispositif hôtelier
  • Contractualisation tripartite avec les personnes hébergées et les hôteliers
  • Recueil des documents administratifs (PV de commission de sécurité notamment)
  • Visites et contrôles sur sites
  • Rédaction d’un guide des bonnes pratiques de l’hôtelier
  • Réunion de partages de bonnes pratiques entre hôteliers
Résultats attendus :
  • La qualité des prestations hôtelières est améliorée pour les personnes bénéficiaires
  • La dépense publique en nuitées hôtelières est réduite
  Pôle Insertion – Logement d’Abord Objectif général : Faire accompagner les personnes vers et dans le logement Fluidifier les parcours d’accès au logement autonome Objectifs spécifiques :
  • Améliorer le processus de traitement et d’orientation des demandes SI-SIAO
  • Participer à la transformation du parc d’hébergement d’insertion en logements accompagnés
  • Développer les liens avec les bailleurs sociaux pour faciliter l’accès au logement autonome
  • Assurer le suivi des personnes dont le droit à l’hébergement opposable a été reconnu
Actions :
  • Rédaction de procédures d’orientation et d’admission en logement accompagné
  • Promotion de l’utilisation de la plateforme FACIL de captation de logements privés
  • Croisement des bases de données avec les bailleurs sociaux pour prioriser les demandes
  • Orientation des grands précaires des projets AMI DIHAL vers le logement accompagné
Résultats attendus :
  • Plus de personnes accèdent au logement autonome, y compris des grands précaires
  • Le temps d’attente pour obtenir une place est réduit
  • La durée moyenne de séjour en hébergement d’urgence ou d’insertion est réduite
Expérimenter l’attribution de mesures d’AVDL et d’ASLL Objectifs spécifiques :
  • Préparer la création d’une plateforme d’accompagnement « Logement d’Abord »
  • Participer à la mise en œuvre des projets Logement d’Abord de l’Eurométropole
Actions :
  • Traduire les unités valeurs des diverses mesures existantes en 4 niveaux d’intensité d’accompagnement
  • Obtenir délégation de la prescription de mesures ASLL de l’Eurométropole et AVDL de l’Etat
  • Prescrire et suivre des mesures d’accompagnement vers et dans le logement
  • Evaluer et améliorer le mécanisme mis en place
Résultats attendus :
  • Des personnes très éloignées de l’hébergement d’urgence accèdent directement au logement accompagné
  • Le système de prescription de mesures d’accompagnement est prêt à changer d’échelle
Prévenir les ruptures de parcours des sortants d’institutions (ASE, prison, hôpitaux) Objectifs spécifiques :
  • Assurer que l’ensemble des situations éligibles bénéficient d’une demande SI-SIAO à jour
  • Offrir a minima une solution d’hébergement aux sortants d’institutions
Actions :
  • Interventions sociales auprès des usagers en maison d’arrêt en coopération avec le SPIP
  • Information et formation des établissements de l’Aide Sociale à l’Enfance
  • Orienter les personnes sortantes d’institution vers les dispositifs dédiés ou généralistes
Résultats attendus :
  • Les sortants d’institution ne subissent pas un passage par la rue
Priorités transversales Objectif général : Améliorer les pratiques Systèmes d’information, mesures d’activité et observation Objectifs spécifiques :
  • Fiabiliser les données usagers des systèmes d’information SIAO
  • Recenser toutes les places financées par le BOP 177 dans SI-SIAO
  • Produire des données et de la connaissance sur l’activité et le contexte
Actions :
  • Réconcilier les données relatives aux places de la DDDCS et du SI-SIAO
  • Former les travailleurs sociaux et les opérateurs au bon usage de SI-SIAO
  • Publier des guides de bonnes pratiques de l’usage de SI-SIAO par profils utilisateurs
  • Exploiter et analyser les données à des fins de mesure d’activité
  • Exploiter, analyser et publier des études d’observation sociale en partenariat avec l’ADEUS
Résultats attendus :
  • La chaine décisionnelle entre la demande et l’entrée en structure est raccourcie et simplifiée
  • L’ensemble des parties prenantes dispose de données fiables pour s’organiser collectivement
Contractualisation des engagements Objectifs spécifiques :
  • Conventionner avec l’ensemble des partenaires du SIAO 
  • Adopter un projet de service 2022 – 2027
  • Conventionner avec les services de l’Etat sur une durée pluriannuelle
Actions :
  • Etablir un modèle convention type et le négocier avec chacun des partenaires du SIAO
  • Organiser des concertations internes et externes pour construire un projet de service partagé
  • Stabiliser le budget du SIAO 67 sur une base pluriannuelle
Résultats attendus :
  • Le SIAO dispose d’un projet de service et de partenariats transparents et consensuels